ROUVE
François, Simon, Jean. Né à Montagnac
(Hérault) le 1er
décembre
1911 ; mort dans la même ville le 25 juillet 1978. Brigadier de police,
secrétaire général de la CGP, Maire adjoint de Montagnac (1971-1978), militant
de la convention des institutions républicaines. François Rouve
est né le 1er décembre 1911 à Montagnac, ville moyenne du département
de l’Hérault. Son père, Simon, est un important charron forgeron de la commune.
Il exploite aussi des vignes et s’implique dans la gestion des pompiers de la
commune (dont il est capitaine). Politiquement, Simon, peu engagé localement,
est plutôt proche des radicaux socialistes. Son fils
François, à l’issue de son certificat d’études, travaille dans un premier temps
avec lui. Néanmoins, le choix de sa future épouse entraîne une brouille durable
entre le père, qui est opposé à ce mariage et son fils. François va dès lors
quitter la commune et partir à Toulouse où il travaillera, pendant un an, dans
une entreprise de carrossage. Informé par son oncle, gardien de la paix à Paris
des modalités de recrutement de la police parisienne, François est reçu en 1937
au concours des gardiens de la paix de la ville de Paris. Dès son entrée dans
le métier, François Rouve adhère au puissant syndicat autonome des personnels
de la préfecture de police de Paris (il avait été membre de la CGT lors de son passage
à Toulouse). Militant syndical actif, peu politisé, il acquiert rapidement des
positions syndicales. Pendant la guerre, il est ainsi devenu délégué de la mutuelle
et de l’orphelinat mutualiste. Dès 1940, il
s’engage aussi nettement dans la résistance. Cette dernière s’organise véritablement
en 1942 autour du front national Police. Recruté par Albin Maistre, responsable
du 19e arrondissement, il devient l’adjoint de ce dernier en mai
1942. Assistant de nombreux juifs (dont certains seront cachés par sa famille à
Montagnac), il participe à des sabotages en 1944 et joue un rôle important lors
de l’insurrection parisienne. C’est ainsi que du 19 au 25 août 1944, à la tête
de 80 hommes, il prend la Cité avant d’attaquer, avec succès, la gare de Belleville.
Cette action résistante consacre sa notoriété dans le syndicat. Dès la
Libération, ce dernier se développe et adhère à la CGT. François Rouve devient
délégué du 19e arrondissement et l’un des dirigeants du syndicat. Il
est alors réputé proche du PC, tant par son action résistante que par ses liens
de parenté (son beau-frère est membre de la commission exécutive du PC). En 1947, face
aux conflits liés aux questions de parité entre police parisienne et nationale,
le bureau du syndicat, proche du PC, est désavoué. C’est François Rouve,
candidat, bénéficiant de soutiens dans les deux camps antagonistes, qui devient
le nouveau secrétaire général du SGP qui quitte alors la CGT. Convaincant la
CGT de ne pas créer un syndicat contre le SGP, il conforte la puissance de
cette dernière qui regroupe 12 000 des 17 000 agents de la police de Paris
et de sa banlieue. Syndicaliste actif, sa légitimité est rapidement
incontestée. En 1953, quand le préfet de police révoque des gardiens de la paix
communistes, il n’hésite pas, pendant quelques mois à adhérer au PC pour
montrer son hostilité à ce type de mesures. De même, il obtient de Jules Moch
des avantages pour ses adhérents que le SGP n’avait pu obtenir en 1947.
Néanmoins, le ministre en profite pour imposer la fin du droit de grève. C’est
avec le ministre François Mitterrand que les relations seront néanmoins les
plus confiantes puisqu’il obtient alors le départ du préfet Bellot. Son travail
syndical porte aussi sur le redéploiement de son organisation. Avec les
syndicalistes belges et berlinois, il est à l’origine de la création de l’union
internationale des syndicats de police. Sur le territoire national, il prend
les premiers contacts avec les syndicats de la police nationale (SNPT) et des
CRS (SNIP) en vue d’une fusion qui ne sera néanmoins effective qu’en 1969, avec
la création de la FASP. Avec la guerre
d’Algérie, François Rouve va obtenir une nouvelle stature. En octobre 1961, le
préfet de police interdit une manifestation organisée par le FLN qui tente de
prouver la force de son implantation à Paris. Les dirigeants de la SGP
protestent dans la presse, ce qui vaut à François Rouve une mise à pied de 5
jours. En 1962, il dénonce publiquement le massacre de Charone dans L’Express et Le Monde. Traduit en conseil de discipline par Maurice Papon, alors
préfet de police, il est révoqué le 5 mai 1962 (Il ne sera réintégré qu’en 1966
suite à l’arrêt du Conseil d’État du 25 mai 1966). Devenu une figure de la
gauche opposée à l’Algérie, il bénéficie d’une notoriété importante dans les
milieux de la gauche parisienne. Néanmoins, malade, il quitte alors en décembre
1962 Pantin pour s’installer à Montagnac. C’est son fils Jean, entré dans la
police parisienne en 1960 qui reprendra alors le flambeau syndical, intégrant
le bureau fédéral de la CGP puis devenant administrateur de la FASP dès 1970. Revenu dans sa
commune natale, François Rouve s’engage désormais politiquement dès 1965 en faveur
de François Mitterrand dont Georges Sutra et Gérard Delfau, du canton voisin de
Pezenas, soutiennent la candidature. Recruté par Jean Peyrottes, il adhère à la
nouvelle convention des institutions républicaines qui dispose d’une importante
section regroupant les militants de Pezenas et Montagnac. Quand les deux
sections sont scindées, il devient le secrétaire de Montagnac. En 1969 il est
par ailleurs membre de la commission fédérale provisoire de fusion SFIO / CIR.
Néanmoins, dans ce canton, les relations avec les cadres de la SFIO restent
tendues, notamment avec Charles Alliès (voir ce nom), secrétaire fédéral,
président de la commission des finances du conseil général et conseiller
général du canton. Cette tension aboutit à une intégration tardive des conventionnels
du canton quand ailleurs la fusion est effective dès 1970. La conflictualité
prend une nouvelle ampleur en 1971 puisque, lors des élections municipales, la
CIR décide de faire liste commune avec le PC contre une coalition sortante
regroupant SFIO et radicaux. Vainqueurs, les communistes obtiennent le poste de
maire qui échoit à André Gallan, alors que le poste de premier adjoint est
dévolu par les conventionnels à François Rouve. Très intégré localement (il
dirige un temps l’équipe de foot et la société de chasse), il reconquiert son
mandat en 1978. Du reste, il a gardé de nombreux contacts nationaux, dont celui
de François Mitterrand qui vient lui rendre visite à Montagnac en 1974. Néanmoins,
la carrière politique de François Rouve est brutalement stoppée par la maladie.
Atteint d’un cancer, il décède le 25 Juillet 1978. Olivier Dedieu |